: L’ECOLED’AUTRE FOIS C’ETAIT BIEN
C’est la rentréescolaire. Si l’attente et le trac sont de mise pour chaque écolier commeautrefois, beaucoup de choses, par contre, ont bien changé.
Autrefois, lesparents tentant de préparer psychologiquement leur enfant pour sa premièrerentrée scolaire devaient aussi le soutenir pour éviter ses pleurs.
Les directeursd’école choisissaient généralement une maîtresse pour le cours d’initiation(1re année primaire) pour que l’enfant voie en elle une deuxième mère.
Accueillant lespetits élèves par le sourire, la maîtresse était déjà prête pour lancer unprogramme attractif. Les murs de la classe étaient recouverts de jolis dessinscolorés. Dès les premiers jours, les enfants étaient attirés par l’instructricequi leur apprenait des chansons et leur offrait des pâtes à modeler. Par lasuite, elle les invitait à une petite balade aux alentours de l’école. Dans lacour, la maîtresse accompagnait ses nouveaux enfants pour jouer aux quilles, àla toupie et aux billes. Après ces premiers contacts permettant aux élèves dese connaître et de se retrouver dans une nouvelle chaleur familliale,l’institutrice passait à la deuxième étape en ouvrant le légendaire livre Maliket Zina, écrit par l’ancien normalien et directeur de l’école d’application deBouzaréah, M. Bousquet, ou le livre coloré et bien illustré Iqra. Dès lespremières leçons, les élèves étaient encouragés par la distribution des bonspoints et des images représentant des fleurs ou des animaux. Les enfantsentraient vite dans le jeu de celui qui aura le plus de « bons points » etd’images afin de les échanger contre le fameux billet de satisfaction.
Après avoir apprispar cœur toutes les lettres de l’alphabet et les chiffres de un à dix, lesélèves du préparatoire devaient faire connaissance avec Malik et zina, ou Aliet Omar, deux personnages devant les accompagner durant toute l’année. Pouranimer ses leçons du cours élémentaire et du cours moyen, la maîtresse ou lemaître acrochait sur le tableau un cadre représentant un paysage, des maisonscouvertes de neige ou un chasseur épaulant son fusil. On se souvient même de lacopie d’un tableau du peintre Van Gogh qui accompagnait la leçon sur l’arrivéede l’automne. Au cours moyen, on apprenait aux élèves, et beaucoup de classesétaient dotées de leurs propres bibliothèques composées de livres appartenant àl’école et aux élèves. Ces derniers pouvaient choisir eux-mêmes les livres quileur plaisaient afin de les lire à la maison.
QUI SE SOUVIENT DUMAGICIEN ?
A cette époque,l’instituteur donnait l’occasion aux enfants de découvrir leurs dons d’artisteen jouant des rôles de personnages de Cosette ou de Gavroche. Ils devaientégalement déclamer les éternelles fables de la Fontaine notamment La Cigale et laFourmi et Le Corbeau et le Renard. Pendant le cours d’arabe, les élèvesapprenaient également à jouer les pièces de théâtre et à chanter des chansonsaccompagnant certains jeux. La cour de l’école se transformait au moins unefois par an en théâtre pour accueillir le spectacle donné par le magicien. Danscertaines classes, on projetait des diapositives et même des films dediapositives et même des films de Charlot, Buster Keaton, l’homme qui ne ritjamais, et de Laurel et Hardy. Dans beaucoup d’écoles et de lycées, les élèves,dirigés souvent par l’enseignant, préparaient la fête de fin d’année ou tout lemonde pouvait montrer ses dons de comédien, chanteur ou musicien. L’arrivée duphotographe était également un grand rendez-vous pour prendre la photo souvenir.
LA PUNITION ET LAVENGEACE
A l’époque, il yavait aussi les maîtres qui frappaient méchamment les écoliers. Les moyens depunir allaient des traditionnels piquets contre le mur et la tape de règle surla main jusqu’à certaines méthodes de torture telle que celle qui consiste àmettre un morceau de craie entre les doigts de l’élève turbulent et les serrertrès fort. « Les oreilles du bourricot » étaient aussi une torture moralepratiquée par les enseignants d’autrefois. Pour se venger, les cancres s’amusaientà crever les roues de la voiture du maître ou à le frapper avec des morceaux decraie lorsqu’il se retournait. D’autres procédaient même à une pratique desorcellerie pour que le maître tombe malade. En effet, après s’être procuré unpoil d’âne, les enfants au nombre de sept fois et faire pipi dessus à tour derôle avant de le mettre sur la chaise de l’instituteur. Selon nos propresexpériences, la procédure portait ses fruits à chaque fois. D’ailleurs beaucoupd’enseignants d’arabe nettoyaient quotidiennement la chaise avant de s’yadosser.
LE TEMPS DESCONSIGNES
Au lycée, larentrée était aussi très attendue. Lors des inscriptions, les nouveaux lycéensétaient déjà informés sur le règlement. Jusqu’au début des années 70, le portde bleu jean et d’espadrilles (training) était formellement interdit. Un autregenre de punition attendait les chahuteurs. Les professeurs avaient le droit dedistribuer des consignes, obligeant ceux qui ne faisaient pas convenablementleurs devoirs à se présenter les week-ends au lycée. Le jour de la rentrée,tout le monde s’habillait neuf et se mettait en rangs dans la cour pourattendre l’appel au micro du censeur. Ceux qui entraient en classe de sixième(1re année moyenne) allaient découvrir pour la première le laboratoire desciences naturelles et la salle de gymnastique. Les cours de musique et dedessin étaient aussi des nouveautés pour beaucoup d’élèves. Les professeurscommençaient leur premier cours par l’explication des méthodes de travail. Pourne pas oublier ses devoirs, l’élève devait tout noter sur le chier de textes.Par ailleurs, le carnet de correspondance servait de lien permanent entrel’enseignant et les parents de l’élève. Absence, retards et notes étaientrégulièrement signalés, et le carnet signé par les parents et contrôlé par lesprofesseurs et le surveillant général. Les cancers dont nous faisions partietrichaient souvent en faisant signer le carnet de correspondance par des élèvesde terminale à la place des parents.
LE COPIAGE
Pour copier, lesélèves d’autrefois n’avaient pas les mêmes moyens que ceux d’aujourd’hui. Donc,il fallait être très rusé pour échapper à la vigilance du professeur. Mis àpart les méthodes classiques qui consistaient à regarder sur le voisin ou luipasser la feuille, certains copieurs rusés avaient une astuce en recopiant parexemple les leçons de français avec la transcription arabe et mis le cahiercarrément sur la table sous l’œil du mini-enregistreurs numériques, certainesméthodes comme el herz qui consistait à résumer plusieurs leçons dans une seulefeuille pliée de façon à pouvoir l’ouvrir et la fermer rapidement grâce à unélastique sont toujours valables de nos jours. Certaines filles cachaient elherz dans leur soutien-gorge ou dans les bas pour échapper à la fouille deprofesseur. Bien qu’il fût plus rare, le copiage existait aussi à l’université.Pour éviter les trous de mémoire, certains étudiants écrivaient leurs notes surle paquet de cigarettes ou le dos de la calculatrice. Comme aujourd’hui, lacorruption permettait également d’avoir les sujets d’avance auprès desassistants. Le sourire, la caresse et l’invitation de la charmante étudianteportaient également leurs fruits tout comme aujourd’hui, mais avec beaucoupmoins d’ampleur.
M’KIDECHE, PIF etBLEK
Malgré lespunitions, le chahut, le copiage, les retards et les absences, l’écoled’autrefois donnait de meilleurs résultats, car le programme était mieuxpréparé et les enseignants passés par l’école normale de Bouzaréah mieuxformés. Les leçons de lecture, le dictée et d’écriture avec le porte- plume,l’encrier et l’encre violette ne pouvaient laisser qu’une bonne trace dans lestêtes. Pour se reposer les enfants lisaient les aventures de M’kidèche ou pifet les illustrés Blek ou Zembla. Avant l’arrivée de la parabole, des jeuxélectroniques et parabole, des jeux électroniques et tout le matérielnumérique, les enfants ne pouvaient fuir que vers la lecture. C’est justementla lecture et l’école d’autrefois.
_________________
Douces parolesn'écorchent pas la lange….
L’ECOLE D’AUTRE FOIS C’ETAIT BIEN